Commençons ce début de semaine, avec la confession poignante et pleine de courage d’Anonyma qui nous raconte ce drame qu’elle a vécu – il y a une dizaine d’années – et qu’elle a réussi a surmonter non pas sans épreuves.
D’ailleurs petite parenthèse. Chaque années des millions de femmes sont violées et leur bourreau reste impuni. Aussi difficile que cela puisse être, il faut dénoncer l’acte et briser le silence. Ne pensez pas que cela ne servira à rien, bien au contraire…et cela peut épargner bien d’autres victimes et de vies gâchées.
Place à ce témoignage touchant, synonyme de courage !
» Un calvaire, une bataille…qui devient une force ! J’ai aujourd’hui 25 ans, et je décide aujourd’hui de faire ma confession car le 24 septembre, ça fera 10 ans que c’est arrivé.
10 ans en arrière :
Je devais dormir chez une amie qui habitait tout près de chez mes parents. Au cours de la soirée, je me suis disputée avec elle (pour une raison que j’ai totalement oublié). D’une nature têtue et fière, je suis partie de chez elle dans la soirée pour rentrer à pied. Mais sur le chemin du retour tout a changé. Je passais dans LA rue, il ne faisait pas encore nuit. J’ai fait dans cette rue LA rencontre qui a tout changé. Un homme qui semblait avoir 20 ans de plus que moi, m’a abordée. Je ne me rappelle pas ce qu’il m’a dit mais je me souviens de la sensation que j’avais, comme une alerte DANGER dans ma tête.
Je ne savais pas ce qu’il me voulait mais c’est comme si je savais ce qui allait arriver. J’étais en panique, et il l’a senti. Il a du comprendre que j’allais accélérer le pas, et c’est à ce moment là qu’il m’a pris le bras et m’a plaquée avec force contre le mur de la maison qui bordée la rue. C’était une rue relativement passante mais il n’y avait personne. J’ai crié mais personne ne venait. Et quand il a commençait à arracher mes vêtements, mes cris ne sortaient plus, mes bras ne bougeaient plus.
Il n’y avait que mes larmes qui coulaient et mes muscles qui se crispaient. Je sentais la douleur mais je ne pu rien faire. Sa main autour de mon cou m’étranglait. Une fois qu’il a fini son affaire, il m’a rué de coups en me disant que c’était un avertissement si je parlais. Je sentais le sang dans ma bouche, un gout de fer. Je ne pouvais plus réfléchir, je priais juste pour qu’il me tue mais il n en a rien fait. Il est tout simplement parti.
Il n’y avait toujours personne dans la rue. je me suis levée, plus de larmes, plus de douleur, je suis rentrée jusqu’à chez mes parents. Ma mère m’a vu rentrer, elle devait se demander ce que je faisais là. Mais elle m’a vu et là…elle a pleuré. Mon père est arrivé, il m a pris dans ses bras. j’ai rien dit, ils avaient compris. Et là, la douleur est revenu et les larmes aussi.
Je me suis rendue compte que j avais remis mes vêtements déchirés (je ne m en souviens pas). Je me souviens que je voulais prendre une douche avec ma mère (pourquoi avec ma mère je sais pas) mais elle n’a pas voulu. Elle m a amené aux urgences dans cet état pour faire des prélèvements et des examens. ‘je me souviens pas du tout de tout ça). Etonnement j ai dormi, j ai pas fait de crises d’ angoisses mais ce fut la dernière nuit où j ai dormi comme cela.
Nous avons porté plainte. Mon père avait du mal à me parler. Le procès c’est passé 2 ans après, on était 3 victimes. Pour résumer il a pris 12 ans mais au bout de 7 ans il est sorti.
Mais qu’est ce qu’est devenu ma vie après ça? Pendant 1 an, je ne suis plus sortie de chez moi. Je me suis enfermée dans le monde de la littérature. J’ai fait deux tentatives de suicide. Après ce passage difficile, de déni, de fuite et de séance de psy (j en vois toujours un)….j ai repris une vie, une scolarité (plutôt bonne élève d’ailleurs) puis 3 ans plus tard j ai eu un gros revirement de comportement (l’adolescence, une corse anxio-dépressive??? je ne sais pas).
Là je me suis mise à sortir…boite de nuit, alcool, beaucoup d’alcool… Je sortais avec beaucoup de garçons, je me disais que je surmonterais mon passé en couchant avec d’autre garçons, que ça deviendrait un acte banal. Alors je buvais beaucoup et je couchais avec des garçons (souvent les mêmes), je pensais que c’était mes amis mais ils profitaient de moi (tout le monde l’aurait vu, mais pas moi à cette époque) et puis j ai entendu la réputation que j’avais.
C’est remonté aux oreilles de mon petits frère et là j ai pensé au mal que j avais fait endurer à mes parents et ma famille depuis ce viol et j’ai tout arrêté du jour en lendemain….ça aura duré 1 an et j’ai recommencé …mais heureusement que j’ai rencontré un garçon pas comme les autres. Oui on a couché ensemble après une soirée alcoolisée mais il m’a obligé a me respecter même si je voulais pas sortir avec lui. Maintenant ça fais 7 ans que je suis avec lui et tout va pour le mieux. Nous avons un travail, un appartement et nous parlons plus de ces moments difficiles, à part en cas de grosse crises d angoisse.
Je fais cette confession pour dire aux victimes d’agression, qu’il faut se battre et pas baisser les bras. C’est vrai que mon agresseur n’a fait que 7 ans de prison mais j’ai construit ma vie et aujourd’hui je pense même a avoir un enfant et c’est ça ma vengeance. Je suis devenue une femme (féminine, maquillage, bijoux…), je n ai pas honte ou peur d’être sexy par moment et j’ai une force incroyable pour me battre contre les problèmes de la vie.
Je suis une survivante, j’ai pas toujours vu ça comme ça mais aujourd’hui je sais que je suis une femme exceptionnelle avec une force incroyable (désole si ça fait un peu vantarde mais j ai plus honte d être ce que je suis). Toutes les femmes doivent se battre, rien que pour qu’on arrête de nous reluquer comme des morceaux de viande. Ça fait du bien de se libérer ! Anonyma «
NB : Vous pouvez (re)lire toutes les anciennes confessions ici et faire comme Anonyma en m’envoyant votre témoignage – peu importe le thème – via mail (beautylicieuse@hotmail.fr). Bien sûr cela reste anonyme (avec pseudo au choix)
4 réponses
C'est arrivé pour moi à l'âge de 7 ans. Mais pas de coups. L'homme n'a pris que deux ans avec sursis (donc il n'a peut-être jamais fait de prison), et une obligation de soins psychiatriques pendant 5 ans. Aujourd'hui je vais bien, mais j'ai appris qu'une femme sur trois en France est victime d'agressions sexuelles dans sa vie. Dans le cas de viol, moins de 40% des femmes portent plainte. Dans plus de 90% des cas, ce sont des femmes et non des hommes les victimes. Il faut se battre, il faut parler, il faut s'en remettre, pour que ce genre de crimes diminue. Bravo pour ton courage demoiselle!
Merci beaucoup pour ce témoignage. je suis choquée de voir le peu de peines qu'un violeur peut se prendre (si par bonheur peine il y a). Parfois j'ai l'impression qu'on nous prend vraiment pour des chiffons desquels il ne faut pas prendre la peine de s'occuper.
Superbe témoignage… et non Anonyma n'est point vantarde ! Oui elle est forte d'avoir surmonté cela ! Et ça doit être une fierté ! Je lui tire mon chapeau…
Bravo à cette jeune fille ! Qui a mon âge, je suis abasourdie, parce que moi je ne saurais pas comment j'aurais réagi/réagirai…
Ces êtres abominables méritent bien plus que 7 ans ou 12 à la base, mais la justice… fiou voilà… tellement laxiste avec ces "personnes" (pour moi ça n'en est pas des personnes)…
Oui il faut parler et elle a eu raison !
C'est une souffrance très profonde, qui resurgit trop souvent dans la vie de tout les jours.. Je te souhaite beaucoup de bonheur pour le reste de ta vie et accroche toi au gens que tu aimes pour surmonter tout sa.