Portrait d’un Gentleman – Benjamin DONDINA, Directeur International Communication Off-line.

Avec Ben, nous nous sommes rencontrés en 2012 lors d’une présentation pour Boucheron chez Interparfums (si je me souviens bien !) et nous avons immédiatement accroché, ce qui n’est pas mon habitude (ceux qui me connaissent pourront le confirmer^^). Et nous sommes devenus amis au fil des années.

Il y a 6 ans, lorsque j’ai créé la rubrique LADYBOSS, je me souviens lui en avoir parlé. Lors d’une discussion, il m’a suggéré : « Si tu crées une version mec, Gentleman ça ferait super bien comme nom. » J’ai gardé cette idée en tête, et six ans plus tard, nous y voilà ! Non seulement la rubrique s’appelle Gentleman, mais qui de mieux pour l’inaugurer que lui ?

Benjamin a eu une carrière impressionnante, marquée par des mentors inspirants, des opportunités internationales et des défis personnels. Mais aussi des déceptions. Sa capacité à s’adapter et à surmonter les obstacles a façonné sa carrière et continue d’influencer sa vision du travail et de la réussite. Et j’admire profondément cela !

En 2020, après une expérience très difficile chez Shiseido sur fond de harcèlement d’un manager malveillant, il a trouvé une nouvelle voie chez VELUX. Qui l’aurait cru ? Ce passionné de beauté, se retrouvant dans le BTP. Installez-vous confortablement car j’ai une merveilleuse histoire à vous raconter, celle de Benjamin Dondina.

BENJAMIN, PEUX-TU NOUS PARLER DE TON PARCOURS PRO, TON ÉVOLUTION, LES OBSTACLES QUE TU AS RENCONTRÉ ?

J’ai débuté en 2010 chez Parti Pris, une agence événementielle spécialisée dans l’organisation d’évènement type L’AmFAR – où j’ai rencontré Jean Marc Lecoq, mon mentor. Il m’a appris à être responsable et polyvalent. Avec lui, j’ai appris toutes les facettes du métier, du service de café à la gestion de la production et des clients. Une véritable leçon de vie.

Chez Parti Pris, j’ai adopté une approche « hands-on ». Jean Marc m’a inculqué l’idée que chaque problème a une solution. Cela m’a beaucoup aidé dans ma carrière. J’ai également appris que pour réussir, il faut être prêt à tout donner, même si cela signifie travailler sans horaires fixes et s’investir dans les tâches les plus ingrates. Je ne veux jamais être ce directeur derrière son bureau qui ne bouge pas. Un directeur doit être capable de faire les taches les plus ingrates que les stratégies. Ce coté « couteau suisse » est une mécanique de pensée que j’ai gardé toute ma carrière et ça me forge encore.

En 2012, j’ai rejoint Interparfums en tant que International PR Manager et je rencontre Capucine Ricci, mon deuxième mentor. Elle m’a appris à structurer mon travail et à adopter une vision internationale. Ce sont des valeurs aujourd’hui que j’essaye d’instruire à mes équipes. Travailler chez Interparfums m’a permis de voyager en Asie et aux États-Unis. J’ai découvert les processus de création de parfums et appris à m’adapter à différentes cultures et méthodes de travail. 

À seulement 23 ans, j’ai eu la chance de gérer une dizaine de licences (Van Cleef, Karl Lagerfeld, Boucheron, Jimmy Choo…), d’organiser des événements et de travailler sur des campagnes d’influence et de relations publiques. J’ai toujours eu une appétence pour la beauté d’un point de vue perso et là avec le pro, cela s’est concrétisé. Les étoiles étaient alignées !

En 2015, lorsque Capucine est partie en congé maternité, je l’ai remplacé puis mon PDG m’a offert l’opportunité de gérer le marché américain à New York. J’ai 25 ans et ma vie change littéralement. Je déménage à NYC et je vis mon « American Dream ».

Je gère 18 marques en tant que North America PR Manager avec deux bureaux et des équipes distinctes, organisant des lancements internationaux et nationaux. Une vie à 100 à l’heure. Ma vie perso est un KO, ma vie professionnelle explose. Tout change pour moi, je découvre un nouveau monde.

Et un jour, après un événement Jimmy Choo à NYC, je perds ma voix. Je pense d’abord à quelque chose de bénin, mais une semaine plus tard, ça ne s’améliore pas. Je fais toutes les analyses possibles et le verdict tombe, j’ai une paralysie des cordes vocales. Un RP sans voix, c’est très compliqué. Mais dans cette période sombre, Interparfums me propose de remplacer à nouveau Capucine en tant que Directeur adjoint lors de son 2è congès mat. J’accepte l’offre et back to Paris !

Nous sommes en 2018, je suis de retour à Paris en tant que Directeur Adjoint du Service Presse Internationale chez Interparfums. Malgré mes problèmes de voix, je continue à travailler et je suis heureux d’être de retour. Malgré tout, après 7 mois, mon contrat n’a pas été reconduit, marquant ma première véritable rupture professionnelle. Je me suis fait largué par le monde de la beauté. Je le vis comme ça. Cette période difficile m’a appris à accepter et à rebondir.

QUEL A ÉTÉ LE MOMENT LE PLUS DÉCISIF DE TA CARRIÈRE ? CE TOURNANT QUI A TOUT CHANGÉ ?

Sans hésiter en 2020. Cette année-là a marqué un tournant profond, tant sur le plan professionnel que personnel.

Passionné par la beauté, j’ai postulé à une offre chez Shiseido. Cependant, cette expérience s’est révélée extrêmement hostile. L’équipe en place était soudée et n’a pas cherché à m’intégrer, et mon manager était particulièrement malveillant. Je me suis retrouvé en face d’une personne qui n’était là que pour faire de ma vie un enfer. Ce calvaire a duré trois mois, durant lesquels j’ai compris à quel point l’environnement était toxique.

Malheureusement, les RH étaient informés, tout le monde savait qu’il était malveillant au possible mais personne n’osait agir. Après trois mois, j’ai été licencié. Cette expérience m’a profondément dégouté du milieu de la beauté et m’a fait réaliser l’importance de parler du harcèlement que peuvent subir les hommes au travail.

Avec le COVID et sans emploi, je me suis lancé en freelance. Rapidement, j’ai compris que ce n’était pas pour moi. J’aime les structures, manager des équipes et m’épanouir dans un environnement collaboratif. Cette période m’a permis de redéfinir ce que je cherchais vraiment dans ma carrière.

Ma troisième vie a commencé chez VELUX. Un univers totalement différent de celui de la beauté, mais qui m’a offert une bouffée d’air frais. En arrivant chez VELUX, j’ai réalisé que le monde de la beauté, bien que fascinant, était totalement déconnecté de la réalité.

Depuis trois ans chez VELUX, j’ai commencé comme Senior PR Manager pour quatre pays. J’y ai rencontré mon troisième mentor, Marco Cordioli. La société était en pleine mondialisation et j’avais pour mission de redonner un nouveau souffle à la marque. En 2021, nous avons décidé de nous lancer dans l’influence et le digital. Aujourd’hui, je suis Directeur de la Communication, gérant 13 agences, 75 collaborateurs et supervisant six verticales : RP, Influence, RS, Événementiel, Partenariats et Architecture.

Chez VELUX, j’ai pu créer des initiatives incroyables comme le Pop Up Store, des projets artistiques et des festivals. Le concept « Velux and Friends » permet de transformer des espaces en collaboration avec plusieurs marques. Cette liberté créative et l’impact direct sur la vie des gens est extrêmement enrichissant. En changeant le message de la marque, nous avons su nous réinventer pour devenir plus actuels et connectés à la réalité des gens.

Avec VELUX, nous transformons la vie des gens, et c’est précisément cela mon métier. Chaque jour est unique, sans routine, et même si c’est le travail où j’ai le moins dormi de ma vie, c’est aussi le plus enrichissant.

La marque a des ambitions et les moyens de les réaliser rapidement. J’ai appris qu’il est possible de quitter un univers que l’on adore et de tomber amoureux d’un autre. Le design est devenu une nouvelle passion pour moi.

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TE VOIS-TU RETOURNER DANS LE MILIEU DE LA BEAUTÉ ? 

J’aime la beauté corps et âme, mais je ne voudrais y retourner que si la marque est bienveillante.

AS-TU UN MANTRA QUI TE GUIDE ET TE MOTIVE AU QUOTIDIEN ?

Travail, Loyauté, Bienveillance.

QUEL EST CET ULTIME OBJECTIF PRO QUE TU AS ENVIE D’ATTEINDRE ? (PROJETS ET AMBITIONS) 

Objectif ultime pro, je ne sais pas. Mais j’ai envie de continuer à créer, apprendre, et bien sûr à évoluer dans ma carrière. Et plus important encore, j’ai envie de continuer à m’épanouir dans ce que je fais.

QUELLE PLACE OCCUPE LES FEMMES DANS TA VIE PROFESSIONNELLE ?

Notre équipe est composée de 72 % de femmes, qui occupent une place majeure. Je ne travaille qu’avec des femmes de caractère ; nous avons besoin de personnes proactives et débrouillardes, et elles assurent !

QUEL EST LE PIRE ET LE MEILLEUR CONSEIL PRO QU’ON T’AIT JAMAIS DONNÉ ? 

Le pire ? « De toute façon, tu n’es fait que pour la beauté. » Quand j’ai quitté ce secteur pour rejoindre le BTP, tout le monde m’a dit que je faisais une grosse erreur. Aujourd’hui, ces mêmes personnes veulent travailler pour moi ou avec moi. C’est drôle, n’est-ce pas ?

Le meilleur ? « Va voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. »

SI TU DEVAIS ORGANISER UN DINER DE RÊVE AVEC DES PERSONNALITÉS VIVANTES OU DISPARUES, QUI SERAIENT-ELLES ET QUELS SUJETS AIMERAIS-TU ABORDER AVEC ELLES ? 

Whoopie Goldberg, Julia Roberts, Pink, Chris Hemsworth, Michael Jackson….on parlerait de nos projets communs, notre vie de famille…de la vie tout simplement !

C’EST UNE QUESTION QU’ON POSE SURTOUT AUX FEMMES, MAIS J’AI ENVIE DE TE LA POSER. COMMENT ARRIVES-TU À CONCILIER VIE PRO ET VIE PERSO ? 

Honnêtement, j’y arrive pas vraiment. Mon souhait serait d’avoir plus de 24h dans la journée. 

LE MOT DE LA FIN ?

Le travail paie toujours…TOUJOURS !

Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré ou marqué dans cette interview ?

Crédits photos : Thomas Braut / Michael Augusto